Pourquoi les entreprises dont
les activités peuvent toucher leur environnement,
ont tout intérêt
à être certifiées ISO 14001
Un entretien avec Daniel Gohaud, directeur commercial de MOODY Certification France
Présence Qualité : La logique voudrait que le je vous interroge d’abord sur l’intérêt d’entreprendre une démarche de management environnemental. Mais je préfère commencer par une sorte de question-piège et vous demander pourquoi une entreprise devrait-elle vous choisir pour être certifiée alors que vous êtes un organisme qui vient tout juste d’être accrédité ISO 14001 ? N’êtes-vous pas un peu «jeunes » dans ce domaine ?
Daniel Gohaud : Je serai
tenté de vous répondre par une pirouette et vous renvoyer
au vers célèbre du théâtre classique :
« La valeur n’attend pas le nombre des années »
! Et c’est vrai que dans le domaine de la certification ISO 14001, nous
pouvons paraître un peu « jeunes » puisque
notre accréditation, par le COFRAC, date du mois d’avril dernier.
Mais déjà nous avons effectué nos premières
certifications environnementales.
Daniel Gohaud : " Cela fait plusieurs années que nous préparons à cette accréditation par le COFRAC... " |
Cependant, pour aboutir à ce résultat,
cela nous a demandé deux années de préparation, de
travail. Par exemple, certains de nos auditeurs sont allés se former
longuement en Grande-Bretagne où notre groupe possède l’un
des plus important centre de formation en environnemental qui soit au monde.
Et je vous dirai plus loin pourquoi.
Si vous me permettez d’employer cette image qui ne se veut nullement irrespectueuse vis à vis du COFRAC, l’accréditation, c’est un peu comme la cavalerie américaine qui arrive après la bataille quand le plus dur a été accompli : « Roma non fu fatta in un giorno », affirment plaisamment les Italiens, Rome ne s’est pas faite en un jour... Et MOODY Certification France est aussi une
jeune entreprise puisqu’elle vient tout juste de fêter ses trois
années d’existence et d’accréditation COFRAC pour l’ISO 9001.
Cependant, ici, notre jeunesse ne nous a pas empêché
de faire une percée remarquée dans le
|
Il n’y a donc aucune raison de ne pas réussir
dans le domaine de l’ISO 14001 comme nous avons déjà réussi
dans celui de l’ISO 9001 : encore une fois, nous mandatons des auditeurs
qui ont une solide expérience dans l’environnemental, ayant suivi
une longue et solide formation et qui, eux, ne sont pas nés d’hier
!
Voilà qui devrait suffire à
vous répondre, mais…
Présence Qualité : Mais ?
Daniel Gohaud :… je voudrais ajouter ceci. Les entreprises françaises qui demandent à être certifiées suivant la norme ISO 14001, sont, pour le moment, encore peu nombreuses. En Europe du Nord, au contraire, les entreprises sont plus axées vers les problèmes d’environnement. En premier chef, en Grande-Bretagne. Au risque de me répéter, je vais encore souligner que MOODY Certification France appartient à un grand groupe international de certification dont la maison mère est située précisément près de Londres.
Or, notre groupe a racheté l’un des
plus grands organismes mondiaux de certification environnementale, Aspect,
il y a deux ans déjà, et, tout dernièrement l’un des
organismes allemands les plus puissants, Q-Zert. Donc : nous profitons
non seulement de l’expérience de notre groupe, de notre «
culture
de groupe », mais aussi de sa renommée sur le plan mondial.
Et aussi de l’expérience de son important
centre de formation, comme je l’ai cité plus haut, qui nous permet,
à notre tour, de proposer, en France, des formations à l’environnemental,
non seulement pour les entreprises, mais aussi pour les auditeurs qui,
à leur sortie de session passent un examen reconnu sur le plan international,
l’EARA.
Présence Qualité : Quelles entreprises ont intérêt à entreprendre une certification ISO 14001 ? Daniel Gohaud : En fait tous les secteurs sont concernés. Mais il est vrai qu’une usine automobile sera plus confrontée aux problèmes environnementaux qu’un cabinet |
Présence Qualité : Quelles sont les motivations qui poussent une entreprise à entreprendre une telle démarche ?
Daniel Gohaud : J’en dénombre cinq importantes. D’abord, des raisons économiques ; ensuite la nécessaire anticipation sur de futures réglementations ; la constitution d’une bonne image de marque de la société venant appuyer un plan de communication ; le maintien de la clientèle et la conquête de nouveaux marché ; enfin, et là nous n’en sommes qu’au début, la naissance d’une culture environnementale.
Présence Qualité : Je suppose, à l’évidence, que la plus importante touche aux problèmes économiques qui se posent à toute entreprise.
Daniel Gohaud : En effet. Mais en évoquant les aspects économiques, je veux surtout parler des gains de productivité, d’une meilleure rentabilité grâce à une analyse plus fine des processus de production, tout comme de solides économies quand l’entreprise sait maîtriser ses déchets …
La modification, après analyse, du processus de fabrication entraîne souvent de considérables économies d’énergie et d’eau, quand l’entreprise en est une grande consommatrice ; dans la grande majorité des cas, la mise en place d’équipements plus appropriés voit le retour sur investissement être tout aussi rapide … La maîtrise des déchets évite le gaspillage de matières et les surcoûts des traitements des déchets eux-mêmes.
Présence Qualité : Pouvez-vous m’expliquez ce que vous appelez une « culture environnementale » ?
Daniel Gohaud :
Certains décideurs portent maintenant une plus grande attention
à l’environnement, prenant conscience de la sensibilisation croissante
de l’opinion publique en ce domaine, évoquant le concept
d’« entreprises-citoyennes »
qui cherchent une meilleure intégration dans leur commune, voire
dans leur région…
Présence Qualité
: Cela reste une motivation encore
assez marginale …
Daniel Gohaud :C’est vrai, mais l’expression prend tout son sens quand une entreprise met tout en œuvre afin d’éviter tout incident pouvant engendrer des dommages humains, écologiques ou même, plus simplement, matériels. Et puis, cela va dans le sens d’une autre motivation, plus facilement compréhensible des chefs d’entreprise, celle d’une bonne image de marque de la société qui permet aussi d’apporter des arguments aux responsables de la communication de cette même société. Rappelons que les pays nordiques sont très sensibles et même très à cheval sur ces questions d’environnement et la certification suivant l’ISO 14001 permet donc d’y remporter des marchés. |
Présence Qualité : Une prime donc à l’exportation ?
Daniel Gohaud : Des sous-traitants ne pourront continuer à travailler avec telle ou telle grande entreprise que s’ils sont certifiés. De même, et on ne le dira pas trop fort puisque la philosophie de la certification se veut une démarche volontaire, on sait que de nombre de donneurs d’ordre exigent que leurs sous-traitants soient certifiés. C’est vrai pour l’ISO 9001, cela commence à se produire aussi avec l’ISO 14001.
Etre certifié, cela signifie donc se préserver pour conserver des parts de marché et même les accroître, y compris à l’étranger où la culture environnementale est plus poussée que chez nous.
Présence Qualité : Vous avez aussi évoqué l’anticipation sur de nouvelles réglementations…
Daniel Gohaud : Une évidence : le bon chef d’entreprise est celui qui, avant de prendre une décision stratégique, sait anticiper les contraintes auxquelles il ne manquera pas de faire face dans l’avenir plus ou moins proche. Or, comme nous l’avons vu plus haut, l’opinion publique est de plus en plus sensible à l’environnemental et donc on peut s’attendre à ce que les pouvoirs publics prennent de nouvelles réglementations en la matière. Mieux vaut donc agir en amont que dans l’urgence d’une contrainte imposée.
Propos recueillis par
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