T'AS PAS CENT BALLES ?
A Aulnay-sous-Bois, FMI a tranché pour la qualité

C' EST en 1979 que François Meillon, qui vient tout juste d'atteindre la quarantaine et qui, depuis ses dix sept ans, date à laquelle il avait décroché son CAP d'ajusteur «breveté phase 3» (c'était au sein de l'armée) avait toujours été jusque là salarié comme affûteur, se lance et créée, comme artisan, sa propre entreprise, AFM, Atelier François Meillon.

L'aventure est alors risquée puisque la crise, née du choc pétrolier des années 73-75, bat alors son plein et on sait déjà que, contrairement à ce qu'un politique célèbre professe alors, on n'était pas prêt à «voir le bout du tunnel» et, donc, le retour à la croissance.

Malgré cet environnement peu favorable, AFM prospère rapidement dans ses locaux d'Aubervilliers, de vieux bâtiments ayant appartenu à Liebig. Mais ceux-ci étant mis à disposition à titre précaire, l'artisan, qui a été rejoint très vite par quelques uns de ses anciens collègues (c'est lui qui avait formé son actuel chef d'atelier alors que ce dernier venait d'être embauché comme apprenti), doit trouver de nouveaux locaux et, en 1986, il s'installe dans la zone d'aménagement de Chanteloup, à Aulnay-sous-Bois, près de l'aéroport international Charles-de-Gaulle, dans le nord de Paris.

L'atelier de FMI (Photo Éric Essertet).

Il en profite pour transformer les statuts de son «affaire» qui devient une société et prend le nom de FMI, initiales qui ne signifie pas «Fonds monétaire international», mais bien François Meillon Industrie : «Nous sommes tout proche de l'A86 et la zone de Chanteloup donne une meilleure image de marque à notre entreprise, souligne François Meillon».

Outils coupants spéciaux

Ici, travaille une quinzaine de personnes qui fabrique des outils coupants spéciaux en carbure ou en aciers rapides : ces outils sont propres à FMI, fraises, alésoirs, lames avec trou d'arrosage, forets, poinçons, matrices, etc, ou outils réalisés à partir de plans fournis par les clients eux-mêmes et qui répondent à des besoins propres de ces derniers. Chacun d'eux n'est alors fabriqué qu'en un nombre très restreint, trois exemplaires le plus souvent, douze le plus rarement… «Ce qui est passionnant dans notre travail, souligne François Meillon, c'est qu'ici, les gars ne connaissent pas la monotonie de la production en série». Et on comprend aussi qu'ici, les compagnons sont tous hautement qualifiés, OP3 pour la plus part.
Parmi les principaux clients de FMI, beaucoup sont des grands noms du secteur automobile, constructeurs ou spécialistes de la carrosserie ou des enjoliveurs (Ford de Bordeaux, Bosch, Valfond, Matra, Mécachrome, pour ne citer que quelques uns d'entre eux). Et aussi de l'aviation (comme Dassault).

C'est en juillet 1997 que FMI s'est lancé dans une démarche qualité. D'abord sous la pression des événements : «Nous sentions que plusieurs de nos clients, très attachés au principe de la qualité, risquaient de nous lâcher, explique François Meillon. Notre volonté d'entreprendre cette démarche nous a permis de les conserver, voire d'en trouver des nouveaux, comme Valfond». Mais aussi parce qu'un jeune cadre (forcément dynamique) de FMI, Christophe Petit, est lui aussi passionné de qualité : «Je suis tout proche de l'âge de la retraite, confie François Meillon. Sans cette volonté des plus jeunes, l'heure venue, j'aurai sans doute laissé les clefs… Aujourd'hui, je commence certes à lever un peu le pied, mais je sais bien que, maintenant, la relève est assurée… »

L'équipe de FMI. A l'extrême gauche de la photo : François Meillon (Photo Éric Essertet).

Et Christophe Petit, le responsable de la qualité chez FMI, de continuer : «La grande majorité de nos salariés a tout de suite adhéré à notre démarche. Il y a bien eu quelques résistance, au début, par peur d'être surveillé, d'être "fliqués", peur aussi de remplir de la paperasse, mais cela a très vite été surmonté.» Et de mettre en avant, à l'appui de ses dires, ces quelques souvenirs : «Quelques uns ont même voulu emmener chez eux le manuel qualité pour le lire le soir. Et même, alors que l'un d'eux était appelé au téléphone pour emmener à l'hôpital l'un de ses parents malades, il a répondu : "Je ne peux pas, je suis en audit"…»

L'apport de cette démarche ? C'est François Meillon qui le souligne : «Cela a amené beaucoup d'ordre dans les ateliers et puis les personnels se sentent plus stimulés : ils se sentent plus responsables». Or l'audit de surveillance a eu lieu en septembre dernier. Fièrement, François Meillon souligne : «Il ne nous a été fait aucune remarque ou observation. Ce qui est très rare…

                                                                                                                                    Éric Essertet
 
 



 
 

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