POUR
le reportage du mois, foin des déplacements en France profonde ou
dans les belles régions vinicoles comme lors de l’un de nos derniers
reportages qui nous avait mené à Bordeaux, au sein de la
société Sichel aux activités multiples : vignes,
élevage de vin, embouteillage, etc (l). Cette fois, la mission avait
pour destination le centre de Paris. Et là, plus question de faire
jouer la convention collective des journalistes qui prévoit que
tout déplacement doit se faire en première classe puisque
dans le métro parisien, on en est réduit à la classe
unique.
Mais, malgré tout, la destination pouvait
être d’intérêt puisque peu connue du grand public :
la bourse du commerce, dite aussi « bourse aux grains »
qui est située à deux pas du Ventre de Paris si cher à
Zola, fermant la perspective de la vaste esplanade du quartier des Halles.
|
Ci-dessus : L'intérieur de
la Bourse du Commerce, à Paris, siège de Négoce Expansion,
la coupole et les fresques qui en décorent
sa base (Photos : Éric Essertet)
A gauche : La Bourse du Commerce,
à Paris, siège de Négoce Expansion.
Au centre : Philippe van Ganson,
permanent de Négoce Expansion (Photos : Éric Essertet).
Entré dans la bourse du commerce, on
est saisi par les dimensions intérieures du bâtiment. Une
immense coupole de verre surmonte un ensemble de fresques, mêlant
des scènes de bateaux et de chemins de Fer, de pays froids ou exotiques...
Le tout surmontant un beau sol recouvert de marbre aux figures intéressantes.
Et pour que le nom du lieu corresponde aujourd’hui encore à quelque
réalité, on trouve ici encore des bureaux tels que ceux de
la Fédération du négoce agricole qui regroupe
650 entreprises représentant un chiffre d’affaires de 40 milliards
de francs et employant, à elles toutes, quelques 12 000 salariés.
Ces entreprises, dans un premier volet, fournissent, aux agriculteurs,
des engrais, des produits de protection des plantes, des semences, des
aliments pour bétail… Dans un second, elles achètent et collectent
auprès d’eux leurs productions, les stockent, les sèchent,
et les revendent. En fait, face à cette fédération,
on trouve les fameuses coopératives agricoles : ces dernières
« capitalisent » environ
60% des 244 milliards de francs, montant total du marché agricole
français dit de
« collecte » (céréales
; oléagineux et protéagineux) et d’« approvisionnement
» (agro-fourniture : engrais, semences, etc).
Négoce Expansion
Mais bien que regroupés déjà
au sein d’une fédération, plusieurs responsables de ces sociétés,
qui sont avant tout des entreprises familiales, se sont interrogés
sur leur avenir. Aussi, sont-ils partis de l’idée qu’ils maîtrisaient
tous un savoir-faire indéniable dans des domaines aussi variés
que la finance, le transport, la logistique, la vente, et qu’ils disposaient
donc d’expertises. Pourquoi alors ne pas les mettre en commun ?
Logo
|
Certes chacun des patrons tenait à
son indépendance, mais tous ressentaient quand même un certain
isolement. Enfin, ils se montraient sensibles au fait que leur affaire
étant une entreprise familiale, la vertu d’une telle entreprise
est avant tout de perdurer et de pouvoir être transmise aux descendants.
Aussi quelques-uns ont décidé de réunir leurs efforts au sein d’une société anonyme, Négoce Expansion forte de 46 actionnaires. |
Négoce expansion s’est « doté » d’un animateur éclairé, Philippe Van Gansen : toujours par monts par vaux, nous avons eu du mal à le « coincer » dans son petit bureau de la bourse du commerce. En fait ce jeune homme (on apprend, au détour d’une phrase qu’il a déjà atteint une cinquantaine qu’au grand jamais on ne lui aurait attribuée) a déjà, derrière lui un long parcours : « Je suis arrivé ici en 1997. Mais rien ne me destinait à ces fonctions. Etudiant, j’avais en effet « décroché » une maîtrise de Biologie végétale / phytopathologie : je souhaitais plutôt faire de la recherche appliquée. En rentrant du service militaire, ne trouvant pas de place en laboratoire, je me suis retrouvé technico-commercial dans le secteur de l’ alimentation animale. C’était sans doute moins glorieux que de devenir chercheur, mais j’ai acquis, dans ce domaine, une suite de compétences qui me servent aujourd’hui. »
Entre temps, Philippe Van Gansen est passé
dans diverses branches (chimie, formation, électronique), mais toujours
dans le commercial et en tant qu’encadrement des ventes. Quand le «
recruteur
» de la Fédération l’a contacté pour Négoce
Expansion qui cherchait un animateur, il a été tout de suite
intéressé par le « challenge » :
« Le premier souci était d’avoir
des équipes de commerciaux qui tiennent la route. D’où la
mise en place, de formations commerciales et de management. Puis, petit
à petit, Négoce expansion en est venu à s’ouvrir à
d’autres activités. Ainsi, je me déplace beaucoup sur place,
dans les régions, pour aider les entreprises sur différents
plans : la mise en place d’objectifs, le marketing client, l’aide au recrutement
et l’évaluation de technico-commerciaux, etc. Nous avons aussi travaillé
sur des logiciels de gestion de fichier clients, des audits logistiques
…. En fait, et bien entendu, tout ce qui peut faciliter et optimiser l’entreprise
de Négoce. » Modernité obligeant, Négoce
Expansion a créé un site internet (2), utilisé en
« extranet » par les membres actionnaires.
« Et nous avons aussi un rôle
de veille : nous organisons des réunions de réflexion à
thème, par exemple sur les biotechnologies, l’analyse de la grande
distribution, etc. »
Faire passer le message
Dernière préoccupation de Négoce Expansion : la certification qualité. C’est Philippe Van Gansen, il l’avoue, qui a poussé à la roue : « Venant de l’industrie de l’électronique où je venais de passer quatre ans, j’avais été sensibilisé au management de la qualité. Il est vrai que dans la branche où je me trouvais, beaucoup de donneurs d’ordre obligeaient leurs sous-traitants à être certifiés, ce qui représentait pour eux une garantie et permettait de fidéliser leur clientèle. Mais il faut avouer, ajoute-t-il mezzo voce, que cette préoccupation ne semblait pas encore être très à l’ordre du jour dans le monde du Négoce… ».
Alors comment a-t-il pu faire passer le message
? « Nous avons posé ainsi le problème : Si demain,
Monsieur Danone ou Monsieur Nestlé s’avisait de vous demander, comme
cela se pratique dans d’autres grands secteurs de l’économie, si
vous êtes certifiés et que vous répondiez par la négative,
que se passerait-il ? Il y a de grandes chances qu’il vous réponde
: « Vous n’êtes pas certifiés ? Alors votre blé
ou votre maïs ne m’intéresse pas ! » Cela a mijoté
pendant un an et, au bout de ce cette période, les entreprises se
sont décidées à sauter le pas. Tout au moins pour
une vingtaine d’entre elles. Nous sommes mis en contact avec un cabinet
spécialisé pour les conseiller et un premier audit de certification
suivant la nouvelle norme ISO 9001, vient d’avoir lieu, le 6 février
dernier, dans l’une d’elle, la société Brunaud à Argenton-sur-Creuse…
D’autres doivent suivre. »
Restait donc le choix de l’organisme certificateur : « Dans ce domaine comme dans les autres, nous avons fait jouer la concurrence. Bien sûr, nous nous sommes attachés au prix. Mais nous avions, pour prendre la décision, établi une sorte de grille d’évaluation et, outre d’autres critères dont le critère budget, deux autres ont retenu notre attention et permis à AOQC MOODY France de remporter le marché. Celui, d’une part, de la démarche de certification et la reconnaissance internationale parce que de plus en plus nos entreprises vendront leurs produits en |
Ainsi, si l’on comprend bien les propos de Philippe Van Gansen, on retrouvera donc prochainement, et dans ces colonnes, de nombreux échos sur les entreprises adhérentes à Négoce expansion. Bienvenue au club, donc.
(1) Voir le numéro 9 de Présence Qualité.
(2) http://www.negoce-village.com
Article
précédent |
Sommaire du site | Page Archives | Article
suivant |